Récit
d'une incursion sur le Net politique.
Michel
Soudais, journaliste de Politis, raconte dans un article daté de
1997 (« J’ai surfé sur
le web pol. ») son incursion sur les sites des partis
politiques. Son récit est édifiant : il semble
qu’à cette date les sites des principaux partis politiques
(PS, RPR…) étaient plutôt maigres, peu actualisés
et peu interactifs.
L’une
des anecdotes qu’il nous livre est particulièrement
croustillante :« J’ai fait un test. J’ai
participé au referendum du RPR. La question était : ‘Etes-vous
pour ou contre la régularisation des sans-papiers et ouvrir
ainsi les vannes de l’immigration clandestine ?’J’ai
répondu d’accord. Le pourcentage des ‘oui’est
aussitôt passé de 30 à 31%. La preuve qu’on
n’est pas nombreux à avoir répondu. »
Le
récit du journaliste illustre ici deux phénomènes
caractéristiques de la pratique de l’internet par
les grands partis.
D’une
part, l’anecdote présentée éclaire bien
le caractère en quelque sorte « gadget » du
site de parti: la formulation de la question posée aux internautes
militants nous apparaît presque comique tant elle est rhétorique
et invite le militant a voté nécessairement « non » (on
imagine mal un membre du RPR ni d’ailleurs un quelconque
homme politique défendre l’immigration clandestine...).Il
s’agit bien ici de donner une apparence d’interactivité,
d’utiliser les ressorts techniques à disposition mais
sans réellement inscrire le site internet dans une stratégie
de communication et/ou de consultation élaborée.
D’autre
part, l’anecdote de Michel Soudais nous indique aussi que
les internautes militants ne participent pas à l’époque
au site de leur parti. Cela ne signifie pas pour autant que les
militants des partis majoritaires ne sont pas des internautes.
Cela indique plutôt que les internautes avertis ne trouvent
pas d’intérêt à visiter des sites-gadgets.
D’ailleurs,
les sites des partis sont parfois débordés par leurs
propres militants. C’est le cas (illustré par un article
de Libération du 16 juin 1999) du RPR sur le site duquel
les militants font part de façon très agressive sur
les forums de leur déception à la suite des résultats
des élections européennes. « La droite
est morte, vive la droite », « et le premier
qui commence à me sortir une division à la con, je
l’envoie sur Neptune » : voilà ce
que l’on pouvais lire sur le site officiel du parti chiraquien…A
l’évidence, la présence de telles phrases spontanées
et critiques directement sur le site officiel d’un parti,
vitrine politique de son projet, témoigne d’une certaine
maladresse…
Les
partis officiels ont du, avant d’employer internet comme
un outil de communication efficace, apprivoiser le fonctionnement
et les règles implicites du réseau…
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