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Cartographies
en direct
Après
la réussite de l'opération au 1er tour, la rédaction
de Profession Politique a été pour la soirée électorale
du 2ème tour de la Présidentielle, à nouveau
installée au Ministère de l'Intérieur afin
de transmettre en temps réel les résultats des élections,
au fur et à mesure de leur publication officielle. Profession
Politique a en effet proposé sur son site www.professionpolitique.info,
ainsi qu'en partenariat avec d'autres portails (www.yahoo.fr) une
carte de France interactive à partir de laquelle tous les
résultats des élections ont été accessibles,
département par département et ville par ville.
D'autres
services sont également proposés qui permettent de
suivre en direct les réactions des hommes politiques, de
comparer les résultats des précédentes élections
présidentielles et législatives, de consulter les
derniers sondages et de se tenir informés des résultats
des français expatriés.
Ce
service de Profession Politique a suscité au 1er tour un
vif intérêt chez de nombreux internautes. Avec 500000
connexions sur Yahoo.fr, 100000 sur Club-Internet.fr, le nombre
de connexion sur le site de Profession Politique quadruplé ;
cette action est, tant en terme technique qu'en terme de contenu,
considérée comme "la plus réussie" (notamment
par L'Internaute).
Pour
Pierre-Marie Vidal, Directeur de la rédaction de Profession
Politique, « le service électoral se termine à 23h
sur les grands médias, après le commentaire, les
internautes cherchent l'info précise c'est ce qui explique
le succès de ce service. Une information définitive,
accessible de façon très simple grâce à l'interactivité de
la carte. Sur le web, les soirées électorales dure
toute une semaine ».
"A
l'instar des chaînes de télévision et des journaux
, Yahoo! Actualités, premier site d'information en terme
d'audience a connu une explosion de son trafic autant sur ses pages
d'actualités que sur les forums consacrés aux élections.
Ce partenariat avec Profession Politique a renforcé la qualité et
la précision de l'information offertes aux internautes.
Plus que jamais, Internet et Yahoo! en particulier s'est imposé comme
un média à part entière. Capable d'être
au coeur du débat électoral en proposant une actualité en
temps réel et en tout lieu" déclare Ari Szwebel
, responsable " Média & Entertainment" chez
Yahoo! France.
Alors
que les sondages n’échappent pas à la pression
de la norme intellectuelle qui contribue sans doute à fabriquer
une volonté de cacher son vote ou son intention de vote
-ce qui explique en grande partie le fait que le vote en faveur
de Le Pen ait été sous valorisé- la cartographie
en direct se fonde directement sur les résultats du vote
au fur et à mesure du décompte des voix dans les
différentes zones géographiques.
Pour
J.Levy, l’appartenance au " sol " résiste
mieux que l’appartenance religieuse, patrimoniale ou de classe.
Sur le plan électoral, cette relation à la multispatialité se
manifeste de façon diverse : un vote extrémiste
des habitants captifs mais aussi des résidents secondaires
littoraux ; un vote anti-Lepen dans les grandes villes des " urbains-cultivés-européo-cosmopolites.
Ainsi,
elle constitue un outil privilégié pour comprendre
le vote des français par zone géographique, l’échelle
retenue étant souvent le département. Néanmoins,
l’interprétation des résultats pour comprendre
le comportement des français par zone géographique
est loin d’être aisé, et le fait qu’ils
soient en ligne et en direct ne facilite pas la prise de distance,
nécessaire à la réflexion et à l’interprétation.
Par
ailleurs, la cartographie en ligne n’échappe pas aux
critiques de la cartographie traditionnelle. Loin d’innover
en donnant les résultats à différentes échelles,
la cartographie en direct retient souvent l’échelle
du département. Or les départements unis ne sont
guère moins " hétérogènes " que
les régions françaises, pourtant 4.5 fois moins nombreuses.
Cette dispersion départementale est également très
variable selon les lieux. Ainsi, des départements connaissent
des écarts types supérieurs à 10 points en
leur sein. Ainsi, le discours fréquent d’une homogénéisation
des comportements, observé à l’échelle
départementale, masque peut-être au co ntraire une
radicalisation des oppositions internes, notamment entre les agglomérations élargies
et les périphéries rurales.
Le
premier tour de l’élection présidentielle de
2002 est présenté par tous les spécialistes
comme une élection de rupture. Cette rupture se marque non
seulement par le score sans précédent atteint par
le Front-national, mais également par le niveau de l’abstention,
et l’éclatement de l’offre politique.
Près
d’un quart des suffrages exprimés se sont dirigés
vers des candidats qui ont atteint moins de 5% des suffrages exprimés ;
près de la moitié vers des candidats qui ont atteint
moins de 10 % des suffrages exprimés. Ceci constitue une
réelle nouveauté pour un système politique
français, pourtant déjà antérieurement
présenté comme multipartiste.
Incontestablement,
au delà du thème " sur-médiatisé " de
l’insécurité, de nouveaux enjeux sont apparus
lors de cette élection.
Le
recours à la carte par canton, qui revient à passer
de moins de 100 unités spatiales observées à plus
de 4000, permet de confirmer ou d’infirmer cette impression.
En
2002, pour la première fois en France, le ministère
de l’intérieur a diffusé à l’échelle
nationale ces résultats par canton dans la semaine qui suit
le scrutin. C’est donc la première fois qu’une
analyse géographiquement aussi fine est permise " à chaud " après
un scrutin national.
La
carte du candidat arrivé en tête dans chaque canton à l’issue
du premier tour est un premier révélateur de l’évolution
du scrutin présidentiel. En 1995, seulement 6 candidats étaient
parvenus en tête dans au moins un canton (Jospin, 1800),
Chirac (700), Balladur (500), Le Pen (300), Hue (60), De Villiers
(16).
La
répartition en 2002 est radicalement différente :
Chirac domine dans 2065 cantons, non seulement dans le centre de
la France, mais également dans tout le nord-ouest, où il était
devancé en 1995 par Balladur. Le Pen arrive en tête
dans 1301 cantons, tous à l’est de la ligne le Havre-Perpignan,
excepté la vallée de la Garonne et la Sologne. Jospin
est le premier candidat dans 729 cantons, concentrés dans
l’extrême sud-ouest, ou isolés dans les périphéries
des pôles urbains (Rouen, Caen, Rennes, Niort, Toulouse,
Grenoble...).
En
dehors de ces trois candidats, seul Saint-Josse parvient à dominer
politiquement certains territoires : 50 cantons au total,
organisés en pôles d’une dizaine de cantons
(baie de Somme, Médoc, confins sud du massif central...).
Ces territoires constituent en quelque sorte des zones politiques
tampons entre les sphères d’influence des trois premiers
candidats.
Enfin,
quatre candidats ne sont présents que très résiduellement
dans des fiefs directement liés au lieu de leur mandat local :
Chevènement (7), Bayrou (6), Hue (2), Mégret (1).
Aucun de ces candidats ne bénéficie donc d’un
très fort " effet d’amitié local ",
contrairement à ce que l’on avait pu observer en 1995,
par exemple pour De Villiers. Ainsi, la théorie du " friends
and neighbours effect " (" effet d’amitié locale ")
qui caractérise le lien entre l’origine géographique
d’un candidat et le vote en sa faveur, développée
par J.O Key (1966) largement reprise par la suite (Cox, 1969, Taylor
et Johnston, 1979) a été mise à mal par les
résu ltats de la cartographie en ligne relative aux résultats
du premier tour.
Tribunitiens
pour J.Lévy (Libération, mardi 23 avril 2002), protestataires
pour d’autres, les courants non gouvernementaux apparaissent,
une fois cumulés, comme une force politique qui représente
un tiers des français, d’ampleur égale à la
gauche et à la droite gouvernementales. La protestation
devient bien entendu de loin la première force si l’on
intègre les abstentionnistes. Sur la carte, le cumul des
partis protestataires permet d’observer une France du nord-est
et du pourtour méditerranéen où ils représentent
plus de 40% des voix exprimées, et même plus de 50%
dans un nombre non négligeable de cantons.
Cette
importance de la protestation s’observe également
assez nettement dans les périphéries des grandes
agglomérations, où les votes Le Pen et Saint-Josse
tendent à se cumuler. Si ce phénomène n’existe
pas dans le nord-ouest, il est très lisible autour de Paris
(il apparaît sur les frontières de l’Ile de
France), de Lyon, de Strasbourg ou de Bordeaux. La protestation
ne semble pas, ou plus, un phénomène concentré en
ville, mais au contraire dans des espaces qui se vivent comme relégués,
méfiants vis-à-vis de la ville et de ses maux supposés,
revendiquant une ruralité fantasmée, illusoire dans
ces espaces polarisés.
La
carte du vote Front-national est la plus explicitement spatiale
parmi les votes protestataires. Au sein d’un trapèze
Dunkerque-Paris-Strasbourg-Belfort, pratiquement aucun canton n’accorde
moins de 15% des suffrages exprimés à Le Pen. Le
phénomène de " banalisation " y
apparaît très nettement, tout comme dans un cercle
de 150 kilomètres de diamètre autour de Lyon, et
autour du " S " inversé méditerranéen.
A l’inverse, de Brest à Albi, dans une bande de 150
kilomètres, le Front national ne dépasse dans presque
aucun canton 15 % des voix.
Des études
ont montré le développement du phénomène
du "mix TV-Web" qui désigne le comportement des
téléspectateurs qui sont en même temps connectés à Internet,
surfent tout en visionnant une émission, et éventuellement
se rendent sur les sites dont l'adresse est valorisée dans
une publicité télévisée ou une émission.
Pour cette première soirée électorale qui
se passera aussi bien sur le web que sur le petit écran,
tous les sites n’avaient pas la même valeur qualitative.
'Les
sites anti Lepen'

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