Un
nouvel espace public ?
Une
agora high-tech?
Internet
est souvent présenté comme une version high-tech
de l’agora athénienne. Le terme, tout comme celui
de forum démocratique, est récurrent au sein des
articles de presse datés de 1995-2002, tandis que fleurissent
les dénonciations de la désaffection –ou du
manque d’implication- des citoyens vis-à-vis du politique.
C’est
dans ce contexte qu’il convient d’entendre la référence à l’agora
athénienne, lieu mythique des premiers âges démocratiques,
considérés comme les âges d’or de la
Démocratie.Après l’effondrement des grandes
idéologies politiques alternatives (chute du communisme
principalement), le Net semble combler un vide, il apparaît
comme le lieu d’une possible reconnection des « désenchantés » de
la politique, d’une véritable régénération
du Politique et du Vivre-Ensemble.
Dans
cette optique, il est envisagé comme un gigantesque espace
démocratique, un lieu d’échange et de communication
sans frontière, permettant une véritable révolution
du politique. Patrice Flichy (L'imaginaire
d'Internet) relève ainsi les thèses d’Howard
Rheingold, auteur américain de l’ouvrage fondateur –c’est
le premier livre sur Internet qui ne soit ni un ouvrage technique
ni un manuel pratique- La communauté virtuelle.
Selon
ce dernier, « la force politique de l’information
communicante vient de sa capacité à concurrencer
le monopole de la hiérarchie politique existante sur les
puissants médias de masse ». Le Net susciterait
des possibilités quasiment illimitées d’échanges
horizontaux, c'est-à-dire d’échanges entre
citoyens égaux, par opposition au système vertical
de la diffusion des informations, censé engourdir voir pervertir
la démocratie. Il permettrait ainsi de refonder un lien
social qui se délite, de redynamiser le débat public
et plus largement la vie démocratique.
Dans
le contexte français, Pierre Levy, cyber-optimiste convaincu,
estime également que le Net est susceptible de créer
un nouvel espace public : « à l’ère
des médias électroniques, l’égalité se
réalise en possibilité pour chacun d’émettre
pour tous ; la liberté s’objective en logiciels
de cryptage et en accès transfrontières à de
multiples communautés virtuelles, la fraternité,
enfin, se monnaie en interconnexion mondiale » (Cyberdémocratie).
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