Le développement de l'Internet en France
Un outil de communication non identifié
Le nouveau média tisse sa toile
De nouvelles perspectives politiques
Les politiques mises en oeuvre pour développer Internet
Une reconnection des désenchantés de la politique
L'Internet entre en campagne dans la présidentielle de 2002
La pré-netcampagne
La net-campagne "officielle" des candidats
Les internautes entrent dans la campagne
L'"autre" netcampagne dans l'entre-deux-tours
Regards sur les Etats-Unis
2000: les débuts de l’Internet dans une présidentielle américaine
Les primaires 2003 et le « déclic » Howard Dean 
2004: l’ancrage de l’Internet dans la vie politique américaine
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Une illusion?

Si Internet est bien un espace d’échanges, un espace social au sens large, il n’est pas sûr qu’il constitue véritablement un espace public, du fait de la non-inscription spatiale et corporelle des rapports sociaux qu’il implique. Cette conception d’Internet pourrait bien n’être qu’un vœux pieux, une illusion que se donnent et cherchent à créer certains technophiles.

Les détracteurs les plus acharnés de cette position dénoncent la menace de la perte de l’autre, passant par le déclin de sa présence physique au profit d’une présence immatérielle et donc faussée, voir fausse. Les Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) entraîneraient alors un risque de désintégration de la communauté et non son renforcement. La dissolution du politique serait à craindre. L’impression –forcément fausse- d’être proche du lointain s’accompagnerait d’une absence au proche et la perte du corps propre qui s’accomplit au sein du réseau irait de pair avec celle du corps de l’autre.

Paul Virilio estime ainsi que nous vivons dans l’illusion de la vitesse salvatrice. Il rappelle que Paul Klee écrivait que « définir isolément le présent, c’est le tuer ». Selon lui le temps réel des télécommunications ne s’oppose pas seulement au passé, il s’oppose également au présent. Or, « isoler ‘le présent’consiste surtout à isoler le ‘patient’, à l’isoler définitivement du monde actif de l’expérience sensible de l’espace qui l’entoure […] il n’y a pas comme l’espérait Marshall Mc Luhan de ‘village global’, mais un pôle d’inertie qui fige le monde présent en chacun de ses habitants» (« Les illusions du temps zéro »).

De manière plus nuancée, Elizabeth Reid rappelle également la nécessité de l’inscription corporelle et spatiale de l’espace public. La coexistence des identités rendue possible sur le Net (par le biais des pseudos, inscriptions sur différents forums de discussion, etc.) ne permet pas d’élaborer les compromis nécessaires à l’autogestion d’un groupe. Aussi elle estime que « les communautés ne sont pas des agoras, ne constituent pas un espace public libre et ouvert » (« Dissolution and fragmentation : problems in on-line communities »).

Rappelons ici la définition que donne Mark Poster de l’espace public (cité par P. Flichy, L'imaginaire d'Internet). Selon lui il possède trois caractéristiques : 1) il permet un débat entre égaux ; 2) au sein de ce débat les arguments rationnels prévalent ; 3) le consensus est recherché. Il semblerait que le Net ne remplisse que la première de ces caractéristiques.

Le Net ne semble donc pas remplir les conditions nécessaires pour constituer véritablement un nouvel espace public, surtout si l’on prend pour étalon de celui-ci l’agora athénienne, au sein de laquelle le débat entre égaux était matérialisé par la présence physique des orateurs.

Ceci posé, il ne saurait être pour autant être question de nier les potentialités politiques du Net. A défaut d’être un espace public révolutionnant la conception du politique, celui-ci est bien est espace social, un lieu d’échanges quelque peu « à part », certes, mais en interaction constante avec le restant de la société.

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