Le
lancement des sites: un moment crucial
Le lancement
des netcampagnes a été très différent
selon le candidat et sous plusieurs aspects, d’abord la date
de mise en ligne du site et ensuite le degré de finitude
du site lors de sa mise en ligne.
Le plus
précoce à entrer en net-campagne est sans conteste Alain
Madelin, dont le site de campagne est sur le net dès
avril 2001 ! Il est certes vrai qu’il avait posé sa
candidature déjà en novembre 2000, mais il y a d’autres
raisons. Alain Madelin a consciencieusement cherché à se
positionner comme le plus « net » des candidats,
et pour un petit candidat avec des idées neuves et différentes
dans le monde politique français, créer un site Internet
répondait à l’exigence de mieux se faire connaître
et de permettre aux internautes de « s’habituer » à ses
idées, estime François Freby.
Jean-Marie
Le Pen est aussi entré tôt en netcampagne,
dans la foulée de sa déclaration de candidature
officielle en septembre 2001. Notons que Jean-Marie Le Pen, et
les mouvements d'extrême-droite en général,
ont adopté très tôt l’Internet pour
diffuser leurs idées pas assez visibles à leur
goût dans les médias traditionnels.
Le suivant à se
lancer sur le net est Jacques Chirac, dont le
site 2002pourlafrance.net, mis en ligne le 5 décembre 2001,
se voulait un « espace de réflexion, d'analyse
et d'échange » tout en invitant les internautes à livrer
les « meilleurs de leurs pires souvenirs » de
l'ère Jospin. En bref, c’était un site de campagne
sans l’être…
Mais
une adresse-sœur, chiracpourlafrance.net, était réservée
par l'agence de communication qui détenait également
2002pourlafrance.net, et comme le prévu l’ONC, le
site de candidature de Jacques Chirac pris le relais de ce site
de « mobilisation anticipée » une
semaine après la déclaration de candidature du Chef
de l'Etat.
Dans
la catégorie des retardataires les plus remarqués
on retrouve Robert Hue et Lionel Jospin. Le
site de Robert Hue n’a été mis
en ligne qu’au début de février 2002, celui-ci
considérant peut-être que l’Internet était
un support élitiste à l’époque. Le lancement
de son site a aussi été accompagné d’un
incident médiatique. En effet, quelques jours avant le lancement,
un proche du candidat a déclaré que : « réunir
tous les webmestres des candidats a autant d'intérêt
que de réunir les chauffeurs des candidats »,
en déclinant l’invitation du journal Profession Politique à une
réunion le 24 janvier de tous les webmestres des sites de
la campagne. Une maladresse reprise lors de la réunion,
puis dans le journal Le Monde…
Mais
c’est Lionel Jospin qui est le dernier à inaugurer
son site le 27 février 2002, c'est-à-dire une bonne
semaine après sa déclaration de candidature, un retard
qui lui valu un très mauvais accueil par les médias.
Beaucoup
plus prévenant, Jean-Pierre Chevènement a
conçu un site de qualité bien en amont de sa déclaration
de candidature, et l’a lancé presque simultanément à celle-ci,
ce qui a favorisé l’appréciation du site par
la presse.
D'autres
candidats sont partis en netcampagne un peu à la hâte,
comme François Bayrou et Noël Mamère qui ont été obligés,
pour canaliser l'impatience des internautes, de servir des "sites
amuse-gueule" selon l’expression de François
Freby, c’est-à-dire presque vides et agrémentés
d’un message pour s'excuser du retard.
Il est
vrai que François Bayrou avait déjà un
site, lafrancehumaine.net, qui servait à couvrir la première étape
de sa campagne de terrain : un tour de France en bus roulant
au colza. Son véritable site de campagne, bayrou.net, a été inauguré le
4 janvier 2002. Mais pendant des semaines, à cette adresse
ne figure qu'une affiche de campagne et un message d’excuse.
Ce type de mesure est une faute grave dans le milieu du web commercial,
mais d’après François Freby, « tout
ce qu'on a pu lire sur le site de Bayrou pour expliquer son indigence
provisoire est valorisant pour le candidat : dans le marketing
politique, contrairement au marketing commercial, l'artisanal,
le tâtonnement, peuvent être porteur de valeurs positives
(comme la simplicité, la sincérité, la proximité). »
Même
chose du côté de Noël Mamère, dont le
site, entré en ligne à la mi-décembre 2001,
n’est constitué que d’une simple page d’attente
promettant un futur site « vraiment différent ».
Mais Mamère a une bonne excuse, il n’est le candidat
officiel des Verts que depuis octobre 2001, suite au conflit de
la sélection du candidat des Verts.
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des sites de campagne"
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