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Le "retard
français"
L’idée
selon laquelle il existerait un retard français en matière
de nouvelles technologies est, jusqu’au début des
années 2000, omniprésente tant dans les rapports
officiels que dans la presse. La stigmatisation de ce retard répond
au contexte économique de l’époque. Outre-atlantique,
les entreprises du NASDAQ enregistrent des chiffres d’affaires
et surtout des capitalisations boursières extrêmement élevés
tandis que les performances globales de l’économie
américaine sont excellentes. Parallèlement, les nouvelles
théories économiques de la croissance mettant l’accent
sur les rôles de l’innovation et des infrastructures
deviennent des outils privilégiés d’analyse
du réel, reconnus dans les champs universitaires et politiques.
Les éléments
perçus comme constitutifs du « retard » sont
pluriels et assez exhaustivement détaillés par un
rapport de Jean-François Abramatic publié au second
semestre de l’année 1999. Ce dernier en tant que président
du « world wide web consortium », organisation
mondiale chargée de veiller à l’évolution
technique du réseau, a été missionné par
le gouvernement afin d’évaluer la situation française.
M. Abramatic souligne ainsi les lacunes françaises. De manière
générale, il s’inquiète du retard technologique
(obsolescence du parc informatique en particulier) de la France
en matière d’internet ainsi que de la relative faiblesse
de l’utilisation du réseau tant par les particuliers
que par les entreprises. Son rapport indique ainsi que la France
ne comptait à l’époque que 4 millions d’internautes,
contre 10 millions pour l’Allemagne, qu’un tiers seulement
des 1500 plus grandes entreprises françaises disposaient
d’un site internet…
La
résorption du retard est présentée par tous
les commentateurs comme un objectif absolument nécessaire à la
compétitivité économique du pays. La dramatisation
de la question du développement d’internet est fondée
sur le contexte intellectuel évoqué ci-dessus :
Plus le temps passe, plus les technologies se perfectionnent et
plus il est difficile de s’adapter…
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la "fracture
numérique"

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