|
la "fracture
numérique"
« C’est
devenu l’expression hype du moment » avertit
un chroniqueur de Libération le 11/10/2000 alors que s’ouvre
le premier colloque sur la fracture numérique à l’assemblée
nationale. Et, en effet, les expressions « fracture » et « fossé numérique » sont
dans tous les discours politiques, dans tous les articles pour
désigner de façon vague et générale
les inégalités d’accès à internet.
Contrairement à ce que laissent entendre de nombreux articles
de presse qui interprètent volontiers la « fracture
numérique » comme une transposition de la « fracture
sociale » de Jacques Chirac en 1995 dans une « version
XXI e siècle », cette notion n’est pas
une invention française. L’expression n’est
en fait que la traduction de la notion américaine de « digital
divide », peu à peu devenue expression courante
aux Etats-Unis. Comme la notion de « retard » économique,
celle de fracture numérique revêt un caractère
dramatique : La maîtrise des nouvelles technologies
est identifiée dans les discours comme un facteur d’insertion
tant sociale que, du moins à moyen terme, professionnelle. Beaucoup
exprime la conviction que le caractère inégal de
la diffusion d’Internet dans la population va accroître
les inégalités sous toutes leurs formes, économiques
mais aussi culturelles, géographiques, etc…
Il
est possible de dégager à partir du flou lexical
qui entoure la notion quelques caractéristiques récurrentes émergeantes
des discours. De façon très générale,
l’idée de fracture numérique s’appuie
sur le constat d’une inégale diffusion d’internet
au sein des classes sociales. En effet, internet s’est d’abord
diffusé au sein des catégories sociales élevées,
culturellement dotée et résidant en milieu urbain.
Les observateurs fournissent deux types d’explication à ce
phénomène qui, bien que complémentaires, sont
parfois invoqués de façon concurrente. Premièrement,
il existe des explications purement matérielles, d’ordre
technologiques et économiques. D’une part, le territoire
n’est pas également couvert par les infrastructures
du réseau : les zones urbaines et densément
peuplées disposent d’un accès rapide et en
amélioration constante aux nouvelles technologies alors
que les zones rurales n’ont pas accès aux mêmes
services à cause du coût élevé du développement
des infrastructures. D’autre part, l’accès à internet
dépend du revenu de chacun et l’accès à une
connexion de qualité et /ou à un abonnement
d’une durée longue est conditionné par le niveau
de revenu des individus. Deuxièmement, sont invoquées
des explications de nature socio-culturelles. Les compétences
nécessaires au bon usage du réseau telles que la
compréhension de la langue anglaise ou tout simplement la
maîtrise minimale de l’informatique seraient inégalement
présentes selon les groupes sociaux, selon les ages, etc...
L’identification des causes de la « fracture numérique » est
primordiale à l’appréciation de son ampleur
et à la définition des politiques à mettre
en œuvre pour la résorber : en effet, si l’on
considère que la fracture numérique s’explique
par des facteurs économiques et techniques, alors le progrès
technique et la baisse progressive des prix pour les usagers invitent à dresser
un diagnostic optimiste et à anticiper une réduction
progressive des inégalités d’accès à internet.
En revanche, les analyses fondées sur des explications socioculturelles
sous-entendent l’existence de barrières que les seules
baisses de prix et extension du champ de couverture du réseau
ne permettent pas de franchir. C’est dans le cadre de ces
débats que l’action gouvernementale doit être
analysées.
le "retard
français"
les
mesures prises en faveur du développement d'internet
retour
au sommaire
|